Une baisse de rendements généralisée confirmée
La récolte 2025 s’est révélée pour le moins atypique. Démarrée avec une dizaine de jours d’avance, autour du 20 juin sur le Plateau de Valensole, elle a été également plus courte que les années précédentes. Les baisses de rendements annoncées fin juillet se confirment : de l’ordre de -20% sur le Lavandin, et de -15% sur la Lavande, allant jusqu’à -50% sur la Lavande Fine de Population dans certaines exploitations. Malgré une pluviométrie printanière prometteuse, les fortes chaleurs de mai et juin ont épuisé la réserve en eau utile du sol, perturbé la floraison et favorisé le développement de ravageurs, notamment des chenilles de noctuelle et de la cicadelle, avec une présence encore plus forte sur le Plateau d’Albion. Les orages de juillet, trop tardifs, ont parfois causé des dégâts, tout en permettant cependant un redémarrage végétatif après récolte. Cette baisse de rendements s’ajoute à une réduction continue des surfaces cultivées, conséquence directe de quatre années de marché tendu : des prix de vente inférieurs aux coûts de revient, qui ont conduit à un épuisement progressif des stocks accumulés lors des périodes de surproduction. Aujourd’hui, la surface en Lavandin passe sous la barre des 20 000 hectares, un niveau inférieur à celui de 2019, avec une surface en Lavande de l’ordre de 7 000 hectares.
Source: FranceAgriMer à partir des données PAC
Un état sanitaire des plantes préoccupant et des normes qui évoluent
Le contexte économique de ces dernières années a amené les producteurs à limiter fortement le renouvellement des plantations du fait de la présence de stocks importants sur le marché et de prix très bas et la filière des plants certifiés sains accuse un fort recul sur 4 ans avec un nombre de plants divisés par sept. Ainsi, les lavanderaies en place sont vieillissantes et moins résistantes aux maladies et aux aléas climatiques. Par ailleurs, paradoxalement à cela, les jeunes plantations de Lavande sont très vulnérables aux attaques de ravageurs, et notamment de la cicadelle, vectrice du phytoplasme à Stolbur qui est aujourd’hui responsable de plus de 50% des cas de dépérissement constatés. La gestion de l’enherbement devient également un défi avec la réduction des substances herbicides disponibles. Le stress que subit la plante impacte aussi la composition chimique de l’huile essentielle, au même titre que l’âge de la parcelle, le stade et la méthode de récolte et la présence d’adventices. Cela complexifie le respect des normes en vigueur, qui devront évoluer pour rester adaptées au contexte actuel.
Lavandin récolte 2025 | Crédit photo: Vincent Ghesquière
L’importance des pratiques durables pour soutenir la filière
L’automne est une période consacrée à la préparation des sols et il s’agit d’une étape clé pour la croissance future de la plante. Les mois de septembre et octobre ont ainsi été marqués par des opérations de binage, d’apports en oligo-éléments, d’épandage de compost, de labour ou encore de pratiques d’agriculture intégrée avec notamment le semis de couverts végétaux en inter-rangs. Ces couverts vont permettre d’aérer le sol, de réduire l’érosion, de retenir l’eau, de stocker le carbone et les éléments nutritifs et de restituer de la matière organique une fois broyés. Ces travaux interviennent avant les semis et plantations d’hiver et ce type de pratiques est indispensable pour aider la plante à faire face aux aléas climatiques et sanitaires. Mais la durabilité ne se limite pas au champ : elle doit aussi guider les pratiques commerciales, avec des achats et ventes qui tiennent compte de la réalité actuelle de la filière. Les principaux acheteurs l’ont bien compris en acceptant de voir leur offre revalorisée dans ce contexte. Soutenir la lavande française, c’est aussi accompagner au travers d’un juste prix celles et ceux qui, chaque jour, œuvrent pour que la petite fleur bleue continue de vivre, d’inspirer et d’alimenter toute une industrie.
Semis de couverts végétaux en inter-rangs
